Festival du Roc Castel

Eloge du Voyage lent

Au pays des brebis...

Me voici dans le Larzac, accueillie chaleureusement par les mouches et par les habitants du Caylar. Une petite ville joyeusement bordélique, et tellement imaginative. Au-dessus de la ville : le Roc Castel, qui guide les voyageurs sur le plateau du Larzac.



Au centre du village : un arbre sculpté, point de rassemblement des festivaliers, un café-caravane, le Café des Voyageurs.


Radio-Larzac à l'affût de l'événement, un crieur tous les jours à 18h30, des concerts tous les soirs, du théâtre, de la poésie, des ateliers et surtout les récits en images des voyageurs à pied, à vélo et à cheval... et plein d'autres pétillances - comme une course de lenteur à vélo - qui me font attendre le début du festival comme si j'arrivais en colonie de vacances.
En plus, je vais faire au festival la connaissance d'une cyclo-randonneuse qui s'appelle Chantal, et prépare un tour de France pour l'année prochaine (moi aussi).
En attendant le 23, je vais faire... du vélo, plus exactement le Brebis Tour ! J'en ai rêvé pendant ce voyage planant entre Albi et Le Caylar.

Au camping

J'inaugure le camping en voiture (c'est-à-dire dormir dans la voiture). Le grand luxe par rapport à la tente, permis par la longueur de la Ford S-Max, mais avec quelques contraintes tout de même. Tout d'abord, une propreté et un ordre rigoureux doivent régner à bord.


(pas question de respirer trop de poussière la nuit ni de se cogner le coude dans une caisse mal placée)

Etendage sur ceinture de sécurité

Et aussi une organisation militaire dans l'ordre des opérations, pour optimiser l'ouverture et la fermeture des portes. Ma grande crainte étant de me retrouver en panne de batterie le jour du départ.
Les propriétaires du camping m'ont très aimablement calé la voiture pour qu'elle soit parfaitement horizontale dans un terrain en pente et caillouteux.

La cale est juste derrière le coffre !

Nuit câline, nuit de Chine assurée : je m'endors béatement avec le soleil, au son des derniers oiseaux, bercée par le ronronnement de mon appareil à respirer.
Aujourd'hui, les festivaliers arrivent, fini le calme, bonjour la socialisation cyclo-touriste !

En colo

Ca y est ! Ils sont tous là, ou presque. J'ai d'abord vu arriver Chantal K., connue sur le forum du CCI (Cyclo-Camping International).

Chantal
(par décence, j'ai supprimé le bock au bout de son bras droit)

Son K m'intéresse : elle s'appelle Chantal, elle prévoit comme moi un tour de France l'année prochaine et elle connaît bien le festival du Roc Castel. Il ne nous faut pas longtemps pour devenir 2 larronnes en foire. Le moindre micro- ou non-événement déclenche des sourires entendus, des pouffements ou des délires. Elle connaît tout le monde, on s'interpelle d'un bout à l'autre du camping, il en vient de toute la France en voiture ou en vélo. Avec le festival CCI de janvier à Paris, c'est LE grand rassemblement des vrais cyclo-touristes. Noé est le seul enfant dans tout ce grouillement, ce qui donne une indication sur la moyenne d'âge des participants.

Une joyeuse ambiance s'installe, celle d'une colonie de vacances sans moniteurs ni règlement. Horaire libre, participation libre au programme d'activités. Une seule règle : le plaisir d'être ensemble et de voyager par procuration. Les bandes se forment.

Il y a Dominique, l'Ardéchois fier d'habiter au centre du monde (St Agrève).

Dominique

Joëlle, qui a fait l'Eurovélo 6 dans les 2 sens !

Joëlle

Charles, l'écolo pur et dur.

Charles


Alain, qui ne parle pas à la légère et qui est bien embarrassé pour donner une définition du Bonheur.

Alain

Philippe, ours des Carpathes débonnaire.

Philippe

Et Jeannot, évaporé trop tôt, qui avait beaucoup à dire sur la marche du monde.
Et Hervé, qui m'avait vendu sa tente l'année dernière et sur qui je peux désormais mettre un visage.
Et Serge, qui habite toujours en Haute-Savoie, où on s'était connus dans une autre vie.
Et tous les autres, que je côtoie sans avoir le temps d'approfondir...

Il y a de bonnes, bonnes, bonnes,
Bonnes vibrations, dans ce festival !

Alain, le Bonheur, ce ne serait pas de vivre au présent ?

Le Festival

Voici le Grand Ordonnateur de cette Fête Unique, Hubert.

Hubert, grand manitou

Hubert est un ludion doué d'ubiquité. Quel que soit le problème technique, humain ou d'emploi du temps, il est là dans les 10 secondes, et prend le micro avec son large sourire pour vanter "le festival le plus désorganisé d'Europe et même du monde", sous les applaudissements d'un public enthousiaste et séduit. Il est réputé pour accaparer le micro, mais qui s'en plaindrait ? On est là pour se faire plaisir, et l'entendre en est un. Souvent l'émotion le submerge et il bafouille d'une manière grandiose. Il est entouré d'une bande de bénévoles s'agitant en tous sens, petites mains et cerveaux en ébullition, imagination en bandoulière.

Car le programme est aussi chargé qu'un rafiot rempli de réfugiés africains. Avec 5 films par jour, il peut déjà rivaliser avec le Festival de Cannes. Mais c'est sans compter les autres activités. Il faudrait se démultiplier pour tout voir, tout faire, jouir de tout. Ateliers, concerts, repas partagés avec les habitants du Caylar, jeux pour tous les âges (bon d'accord, nous avons tous rajeuni...), expositions, stages. Ces activités sont entrecoupées d'allers et retours oreilles rabattues - en vélo ou à pied - vers le camping distant de 2 km.

Ce foisonnement incite à la sélection. J'ai choisi de privilégier les films de voyage. Que retenir d'un flot de sensations, d'empathie avec ces voyageurs dont les images emportent loin, très loin ? Je suis partie au Kazakhstan avec 2 jeunes fous-fous sachant transformer leurs déboires de visas introuvables en histoires hilarantes. Avec le Sun Trip 2013, je me suis passionnément identifiée à Anick-Marie Bouchard, la seule femme ayant relevé seule ce défi (à propos, elle cherche des financements pour l'organisation du Sun Trip 2015 - coordination@thesuntrip.com - une petite centaine de mille ferait l'affaire).

Les vélos de 2 voyageurs inscrits au Suntrip 2015

Avec Dominique Voillaume, bergère sur le Larzac, j'ai cheminé hypnotiquement et partagé sa contemplation de la flore. J'ai vibré aux aventures de Jean-Marie Malbranque avec son chien en vélo. Tous, ils ont vécu des aventures extraordinaires, et pourtant ils sont tout proches de nous, prêts à partager leur expérience et leurs conseils.

Entre 2 films, nous comparons nos vélos et leurs équipements. C'est autre chose que de choisir virtuellement sur la seule foi de la pub. Il y a cette fraternité du voyage qui donne à ces échanges des couleurs uniques.

Mon spectacle préféré ? Le Médecin Volant, d'après Molière. Je dis bien "d'après" car, selon l'Humanité : "à dire vrai, de Molière, il ne reste que la substantifique moelle : le rire ! C'est-à-dire le meilleur." Une improvisation délirante en interaction avec le public ravi.

La soirée qui m'a rendue le plus joyeuse ? Un bal folklorique au violon et à l'accordéon mêlant les habitants et les festivaliers, les novices et les connaisseurs dans un plaisir qui semblait ne jamais vouloir finir. Tout cela à la lumière de globes terrestres en guirlandes dans la nuit villageoise.

J'ai aussi appris les rudiments de l'écriture mongole et dansé au son du Komando d'Intervention Tzigane.



C'est le dernier soir et déjà, la mélancolie nous gagne.

Nous avons regardé partir ceux qui rentrent chez eux. Puis la petite vingtaine qui enchaînent sur un tour de l'Aubrac par temps pluvieux.

Et puis nous restons seules, deux petites filles perdues dans le grand camping. Même pas peur. Chantal, dans un immense élan de solidarité, a décidé de passer 2 jours avec moi qui ne peux pas encore retrouver mes pénates. Toute honte bue, nous squattons le bar-restaurant du camping des 4 Templiers (à recommander chaudement pour le service, l'écoute et la bonne humeur) qui nous accueille comme deux enfants prodigues. Leurs bières et pizzas n'ont plus de secret pour nous, entre 2 grandes balades dans le Causse. C'est le temps des confidences. Nous sommes comme deux ados qui ne peuvent plus se quitter. L'amitié, c'est bon à tous les âges.

La fête est finie.

Pour cette année.




5 commentaires:

  1. Oui, ce fut un super moment de rencontres, rigolades, échanges, voyages en vidéo et bcp de détente. Tous les ingrédients pour bien décompresser. Le groupe de cyclos et la convivialité du festival donnant le ton.
    A refaire sans modération,
    A l'année prochaine !
    Chantal

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  2. Les 2 cyclos-clowns qui s’attardent à la frontière entre le Rêvestan et l’Imaginastan : Une joyeuse vidéo qui correspond bien à l’esprit de ce Festival
    Ce que j’ai aimé : la ballade contée de Malika et Frédo avec cette douce musique.
    Des contes tout simples : qu’on pouvait prendre à la légère, ou pas.
    Ce qui était fabuleux : nous étions nombreux et seul à la fois, isolé, perdu dans cette Nuit.
    Allez zou…plein de voyages.
    Ah ! Merci pour ton soutien pour endiguer nos larmes : cette tente chérie a remonté le Danube en 2006 et, connu sa première galère : une fermeture éclair !
    Bien amicalement Alain véloescargot

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  3. Les voyages de ce genre, ce n'est pas mon "truc", mais beau partage sensible et émouvant de la petite grande Chantal que j'ai connu quand j'étais enfant, ce genre d'émotions, ces amitiés improbables, je les ai aussi connues ces dernières années, mais dans d'autres domaines. L'important n'est pas "le domaine", mais que ça se produise.
    Serait-ce ça, le bonheur ?
    Bises et merci. Jean-Michel

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  4. bonjour
    en effet ce festival est hors norme ;
    il faut dire que quand le présentateur garde le petit objet qui évite au bas du pantalon de s'enduire de gras de chaine à vélo pour faire ses annonces vers 11h du matin , on comprend rapidement que sur le festival on va se passer de tapis rouge .
    Hubert la décontraction apparente , sous le poids de toutes les demandes possibles et pas imaginables !!!
    Heureux d'être passé au CAYLAR , malheureux de n'avoir passé que 2 jours , et malheureux de ne pas avoir eu le temps de suivre la petite dizaine de CCI.
    Merci CHANTAL
    voisin pendant un temps , ami cyclo maintenant ...
    Je t'embrasse .
    Serge FICHANT ( pas si anonyme que ça )

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  5. Ah Ah la magie d'internet !
    Je cherchais des infos pour retrouver le site des deux lurons qui sont allaient au Kazakstan ( je cherche toujours ) et voilà que je me retrouve sur ton site !
    Au Caylar j'ai dormi prés de toi ( la tente à côté avec mon vélo) et me souviens bien de toi et de Chantal. Deux filles très sympas.
    je t'embrasse
    Nadine

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